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Tu déverrouilles le clavier de ton téléphone et regardes l'heure, il est quinze heures passées. Tu grimaces, car tu t'imagines quelques années plus tôt, et tu te dis que jamais tu n'aurais sacrifié un dimanche pour travailler. Jamais, et cela même si tu adores ton travail. Tu soupires, et constates que tu es devenue ce que tu ne souhaitais en aucun cas devenir ; une femme qui passe son temps à travailler. Tu pars du comptoir où tu étais adossée pour te diriger vers l'une des vitrines, où plusieurs mannequins sont entreposées. Tu as beau les avoir passé en détail une centaine de fois, tu trouves toujours quelques chose à bouger, à modifier. Tu passes ta main sur des plis inexistants, et remet en place une robe, l'une des pièces maîtresses de ta nouvelle collection, qui n'en n'avait aucun cas besoin. Ensuite, tu parcours le premier étage en prenant soin de déplacer ne serait-ce que de quelques centimètres les sacs à mains posés sur les étagères. Il n'y a pas de doute, ta vie est assez nulle à ce moment précis. Finalement, tu te résous à quitter l'enseigne, tu n'as plus rien à y faire, tout est parfait. Tout est parfait, et pourtant ça ne te rend pas particulièrement heureuse. Tu saisis ton sac à main, enfiles ton manteau, noues ton écharpe autour de ton cou, et t'en vas. Une fois dehors, tu admires la façade de la boutique, où deux visages que tu connais bien rayonnent. L'une d'entre elle étant la sœur de ton ex, ton sourire en coin s'évapore en quelques secondes à peine. Tu effaces ce que tu viens de voir de ta mémoire, et continues ton chemin, d'un pas décidé. Tu tires légèrement sur ton trench acheté quelques semaines plut tôt, quand tu t'es décidée à te couvrir comme il se doit. Tu as beau être contente d'avoir quitté la Californie, le temps doux, agréable, et surtout permanent qu'il y fait te manque. Parfois, tu as l'impression que tu ne t'habitueras jamais au froid quasiment polaire pour toi, de l'Amérique du Nord. Après avoir marché cinq bonnes minutes, tu entres dans le premier Starbucks que tu voies, et te commandes un jus d'orange. Oui, il a beau faire un froid de canard, tu fais parti de ces gens qui ne suivent pas les conventions, et de toutes manières tu n'aimes ni le café, ni le chocolat chaud, ni le thé. Les boissons chaudes, en fait. Le liquide en main, tu ressors, et te mets à marcher. Tu sirotes ta boisson, sans avoir aucune idée de là où tu vas. Tu ne veux pas rentrer chez toi, et en fait, tu ne veux pas de compagnie. Ça ne te ressemble pas, mais il y a des moments où la solitude ne fait de mal à personne. Tu continues d'avancer, et tu te retrouves près d'un parc. Le parc. Tu as d'abord un mouvement de recul, et songe à rebrousser chemin, tu n'es pas certaine que ça soit une bonne idée. Mais pour une raison inconnue, tu poursuis, et te retrouves bientôt près des jets d'eau, au beau milieu du parc. Il n'y a pas d'eau cependant, il fait trop froid, mais cela ne t'empêche pas de te remémorer tout un tas de choses. Plus ou moins forte, émotionnellement parlant. Alors que tu te retournes pour aller jeter le gobelet vide, quelque chose retiens ton attention. Quelqu'un, plutôt. Il est de dos, mais tu aurais pu reconnaître cette silhouette parmi des milliers d'autres. Tu ouvres légèrement la bouche, tu n'es en fait pas sûre de toi. Et puis tu t'approches un peu plus, c'est bien lui. Ethan se trouve devant toi. La scène te paraît limite surréaliste que tu es scotchée, incapable du moindre mouvement. Et puis, tu reviens sur Terre. Qu'est-ce que tu es censée faire ? A l'école on ne t'a pas appris comment on fait dans ce genre de situation. Un nœud s'est soudainement formé dans ton ventre. Tu déglutis, et prends ton courage à deux mains. Tes pas sont peu assurés, mais tu te lances quand même. « Ethan ? » Ta respiration se bloque.

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Parfois, très souvent même, tu te demandes comment est-ce que tu en es arrivée là où tu en es aujourd'hui. Tu te poses chez toi, dans ton duplex où tu te sens désespérément seule, et tu ressasses le passé qui ne remonte qu'à quelques semaines, encore et toujours. Tu te dis que si tu avais fait telle ou telle chose différemment, tu serais probablement heureuse au jour d'aujourd'hui, que tu ne serais pas là à te morfondre sur des faits impossibles à modifier. Et puis dès que tu sors de chez toi, tu arbores ce grand sourire que les gens t'associent tout le temps. Tu es cette fille publique, qui n'a pas de problème, à qui la vie sourit en tous points, qui a le contrôle sur sa vie. Tu es cette fille qui quand elle veut quelque chose, finit par l'obtenir, qu'elle qu'en soit la manière, c'est ce qu'ils croient. Et par « ils », tu entends à peu près tout le monde qui les magazines people. En même temps, comment leur en vouloir ? C'est comme ça, le star system ; ou tu joues le jeu, ou tu meurs. Tu as été cette fille pendant longtemps, et tu l'es encore partiellement, d'ailleurs. Ta carrière professionnelle ferait baver n'importe quelle jeune fille de l'Upper East Side ou de Beverly Hills. Certaines tueraient, littéralement, pour ne serait-ce que prendre une photo avec toi, mais cela ne t'atteint que moyennement. Tu n'a pas cherché la gloire, et t'efforces de rester le plus simple et accessible possible, bien que parfois, tu le confesses, ça se révèle compliqué. On est dimanche et pourtant ton téléphone sonne toutes les cinq minutes ; pour toi, le travail ne s'arrête en fait jamais. Sur ton chemin tu l' as éteins, histoire d'être tranquille pendant quelques instants. Donc, tu viens de retrouver face à Ethan, aka ton ex, aka l'Ex, avec un e majuscule. Ça te fait toujours bizarre de l'appeler comme cela, les rares fois où tu oses en parler à voix haute. Ça sonne faux, ça n'est pas normal. Les choses ne devraient pas être comme cela entre vous, et pourtant. Alors que tu viens de prononcer son prénom, tu te dis que tu aurais peut-être du faire demi-tour tant que tu en avais encore l'opportunité. Ça aurait été lâche, certes, ce qui ne te ressemble pas, mais ça aurait été plus facile, ça t'aurait évité de te sentir comme tu est entrain de te sentir. Mal. Nauséeuse. Tu as un peu de mal à respirer, ce que tu essayes de cacher au maximum. Tu croises son regard, et tu sens les larmes te monter aux yeux, ça fait mal. Tes yeux dans les siens, tu es partagée entre l'envie de le gifler parce qu'il ne t'a pas donné de nouvelles depuis des semaines, et de lui sauter au cou, tout simplement parce qu'il est lui. « - Oh, bonjour... Mia... » Il n'est pas bien non plus, il a l'air triste. Sa voix le trahit, tu la connais pas cœur, tu n'as rien oublié. Tu clignes plusieurs fois les yeux afin d'éviter que tu ne te transformes en véritable fontaine, même si tu peux sentir qu'ils sont humides. Tu ne pleureras pas aujourd'hui. « - Tu... vas bien ? » Tu fronces les sourcils, et détournes le regard. Qu'es-tu censée répondre ? Tu ne réponds pas, tu ne peux et ne veux pas répondre à cette question. Tu lui en veux d'oser te la poser, il connaît déjà ta réponse. Deux ou trois secondes passent, et enfin, tu brises le silence. Tu hausses les épaules. « Je pète la forme. » Aussitôt dit, aussitôt regretté. Tu ne voulais pas te montrer désagréable, mais la rancœur a pris le dessus sur le reste. Tu souffles, et te mords la lèvre. « Désolée.. Je.. » Tu perds tes mots, tu sens que ta voix se brise, alors tu te tais. Tu prends une grande inspirations, te reprends et continues. « Alors c'est comme ça Ethan ? On se croise par hasard dans le parc, et on continue notre chemin comme si de rien n'était? » Vous ressemblez à deux étrangers, deux étrangers qui se connaissent de loin. Tu ne l'as pas accepté, et ne l'accepteras sans doute jamais.

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Quelles étaient les chances pour que tu passes ta journée de la sorte ? Pratiquement nulles, et pourtant te voilà. Tu avais déjà imaginée la scène, mais pas de cette manière là. Pas en plein milieu du parc, pas à cet endroit précis. Tu as beau n'appartenir à aucune religion, tu lèves les yeux vers le ciel, et demandes secrètement si ce qui est en train de se passer est une blague, ou un signe tordu de l'univers pour que tu fasses quelque chose. Mais voilà, tu n'étais pas préparée et cela se sent. D'habitude pourtant tu te débrouilles bien face çà l'improvisation, mais quand on en vient aux sentiments, tout devient plus compliqué, plus bizarre. Presque par réflexe, tu jettes un œil aux alentours, tu n'aimerais pas que quiconque vienne vous interrompre. Tu scrutes les buissons, là où ces gens qui se prétendent photographes aiment se cacher pour faire profiter du monde de ta vie privée. Le vent souffle un peu, ce qui fait virevolter tes chevelure blonde, cela ajoute au côté dramatique de la scène. Tu te demandes comment tu dois te comporter vis-à-vis de lui, et surtout si tu dois lui en vouloir ou pas, car dans votre histoire en fait, aucun de vous d'eux n'est vraiment coupable. C'est cette confusion qui t'as poussé à lui répondre de cette manière. Tu ne sais pas comment faire, et ça t'énerve. Tu as perdu le contrôle, ce qui ne t'arrive jamais. Tu es coincée avec ta culpabilité et tes remords, sans pouvoir avancer. Alors tu te lances, tu n'as plus rien à perdre, de toutes façons. Ta question une fois posée, te fait aussitôt remonter les larmes, que tu pensais avoir réussi à gérer. Tu relèves les yeux et cherches son regard, fuyant. « - Évidemment que non. » Tes yeux brillent désormais, ta gorge se serre. D'une manière, sa réponse te rassure, à court terme cependant. Tu le regardes tripoter nerveusement sa paire de lunettes, et tu te sens encore plus mal. Et là, tu as comme un flash-back. Tu te revois quelques mois auparavant exactement au même endroit, quand les fontaines fonctionnaient, qu'il faisait beau, chaud, et que tout allait pour le mieux. Quand jamais tu n'aurais imaginé ce qui t'attendrait dans le futur. « - Écoute Mia, je ne peux pas vivre dans ce monde qu'est le tiens. Je ne suis pas fait pour ça et c'est comme ça. Je crois que je ne pourrais jamais m'y adapter. Je suis moi même journaliste, un journaliste épié par ses confrères ; tu comprends ? » Aoutch. Tu baisses la tête, c'est à ton tour de ne plus savoir quoi faire de tes mains. Tu tripotes les lanières de ton sac à main. Il a raison, tu le sais, mais tu ne veux pas l'entendre. Ça n'est pas la première fois que vous avez ce genre de conversation, mais ça te fait toujours autant de peine. Et là c'est le moment où tu en veux à Mandy. Elle n'est pas la seule responsable, mais tu sais que si elle s'était abstenue de venir ajouter son grain de sel, vous n'en seriez pas là. « Oui, je sais mais.. » Tu te concentres, ta voix ne doit en aucun cas devenir tremblotante. « Je sais que tu as ta carrière, ta vie.. Et que tu y tiens. Et je sais aussi que ça n'a pas été facile pour toi, et que tu as renoncé à pas mal de choses pour moi, dont ta liberté. » Tu fais une pause, et tu réfléchis. T'es-tu montrée égoïste à son égare ? Bizarrement, tu n'as jamais vu les choses de cette manière. « Et je suis désolée d'avoir une famille aussi.. Tordue et sans gêne. » Tu inspires, mais tu n'es plus sûre de pouvoir te retenir. « Mais la vérité c'est que.. J'y arrive pas Ethan. » A nouveau, tu hausses les épaules et secoue la tête, négativement. Tes yeux sont embués, tellement que tu n'y vois pratiquement plus rien.

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Tu ne n'en veux pas à Mandy, tu la détestes. Oui, tu la haies pour tout ce qu'elle est et qu'elle te fait subir. Tu grimaces à l'idée de savoir qu'elle revient bientôt, mais tu es bien décidée à lui faire la guerre, pour de vrai cette fois-ci. Avant, tu finissais toujours par lui reparler d'une manière ou d'une autre, elle avait ce pouvoir bizarre de grande sœur qui te faisait oublier instantanément ses actes. Ce temps est révolu, c'est certain. Tu reviens à toi, et tu te manges la réalité en pleine face. Ethan et toi, vous n'êtes plus ensemble. Il n'y a plus de « vous », mais cette idée refuse de faire son chemin dans ton esprit, et pire encore, dans ton cœur.Tu ne peux pas juste effacer quasiment trois ans de ta vie en quelques semaines, ça t'est simplement impossible, et en plus, tu n'en n'as pas envie. Tu ne veux pas tourner la page. Tu ne tourneras pas la page. La situation peut paraître ironique, sachant que des années plus tôt, tu faisais passer les hommes après tout le reste, et n'accordais que peu d'importances aux relations sérieuses. Tu étais habituée à ce qu'une partie de ta vie soit étalée, c'est comme ça depuis toujours pour toi, alors tu y accordais peu d'importance. Comme les jeunes de ton âge tu t'amusais, et ne voyais pas la nécessité de te poser, et tu te voyais bien continuer dans cette voie jusqu'à tes trente ans minimum, mais le destin en a décidé autrement. Tu ne pensais pas qu'un jour tu pourrais réellement tomber amoureuse, au point d'être capable de te mettre à nu devant cette personne, te dévoiler, te donner complètement. C'est pourtant ce que tu viens de faire, et tu continueras à faire, quitte à avoir mal. Tu as déjà mal, alors tu te dis que ça ne pourra pas être pire que ça ne l'est déjà. « - Ne t'excuse pas, ce n'est pas de ta faute. Mais crois-moi, c'est difficile de vivre au sein d'une famille qui ne veut pas de toi. Je suis méprisé au sein des Grayson et je n'ose même pas imaginer tous les stratagèmes qu'ils doivent te faire subir pour que tu me quittes. » Si tu sens que tes larmes ne vont pas tarder à couler, ton cœur lui, saigne déjà. Tu es aussi légèrement troublée, car il se montre relativement gentil à ton égard, alors que c'est ta famille qui est l'origine de tout cela. « Si, ça l'est. » Non, ça ne l'est pas, mais tu te sens quand même obligée d'en prendre la responsabilité. C'est ta famille qui te fait du mal au final, bien qu'ils ne semblent pas voir les choses sous cet angle là. Selon eux, ils ne font que faire ce qui est bien pour toi, comme si tu étais une gamine qui a encore besoin qu'on la surveille, qu'on la dirige. Tu te rappelles la première fois que tes parents ont rencontré Ethan, moment que tu as retardé le plus possible car tu les connais, et avais anticipée leur réaction, prévenant le jeune homme que ça ne serait pas facile. Ça a été bien pire que ce que tu imaginais, tu pensais qu'au moins ils auraient la décence d'attendre que vous soyez parti pour faire leurs remarques. Tu as été bien naïve de penser cela. Tu vas lui dire, tout ce que tu as sur le cœur. Ta fierté a été piétinée depuis longtemps, alors plus rien ne te retient. « -Tu n'arrives pas à quoi Mia ? » Tu contrôles ta respiration, les larmes, les larmes, les larmes. Tu contrôles, mais tu commences à perdre pied. « Tu me manques. » Terriblement. Tu l'aurais rajouté si tu ne t'étais pas mise à pleurer. Tout ce que tu as contenu jusque là se déverse, et ça ne semble pas vouloir s'arrêter. Tu te sens nulle. « Tout le temps, partout. » Tu le regardes droit dans les yeux, espères avoir touché un point sensible. « Je pensais que ça irait, avec le temps. Mais ça ne fait qu'empirer, de jour en jour. » Et tu baisses la tête, tu aimerais qu'un trou géant s'ouvre sous tes pieds et t'aspire.

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Le ciel se gâte, tu lèves rapidement les yeux vers ce dernier. Ce temps pourri qui s'annonce ne fait que confirmer ce que tu penses de plus en plus; que tu n'aurais jamais du sortir de ton lit ce matin. Certes, tu serais probablement restée en pyjama et n'aurais pas fait grand chose d'intéressant, si ce n'est te goinfrer et regarder des films tous déprimants les uns que les autres, mais tu ne te serais pas retrouvée dans cette position, très inconfortable. Ton état d'esprit est tellement mitigé que tu t'y perds, ça en devient déroutant. Il t'arrive de t'imaginer être née dans un contexte complètement différent, avec des parents dignes de ce nom qui ne t'auraient pas fait de discours concernant les critères auxquels l'homme qui partagerait ta vie devrait répondre. Des parents avec de vraies valeurs et des principes, le genre que n'importe qui a, en fin de compte. Mais pas toi. Non, les tiens veulent que tu te maries avec la progéniture de Bill Gates, ou l'un de ses disciples financièrement parlant, et que tu te portes fièrement son nom, en bonne épouse. Quoiqu'en disent les médias, ta vie n'est en rien simple, car se disputer et sans cesse être en froid avec sa propre famille, c'est lourd. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles tu as esquivé le repas de Noël cette année, malgré le fait qu'ils aient longuement insisté, prétextant le fait que « tu leur manques ». Cette remarque t'as légèrement faite sourire, tu n'y as que moyennement cru. Pendant tout le long de votre relation, tu t'es sentie coupable du comportement de tes proches vis-à-vis d'Ethan, d'ailleurs tu as fait le maximum pour qu'ils ne se voient jamais. Si tu sais qu'ils ne te feraient jamais de mal directement, tu sais de quoi ils sont capables pour éloigner quelqu'un qui ne leur plairait pas, et ils te l'ont bien prouvé avec le généreux chèque qu'ils lui ont proposé – tu sais que ta sœur n'est pas la seule responsable -. Si tu t'es sentie très mal par rapport à cela, on ne peut pas dire que ça t'ait étonné, c'est quasiment monnaie courante là-bas, à Beverly Hills. Tu avais peur d'une seule chose, qu'il te quitte à cause de ça, et elle s'est produite. Et pourtant il se montre relativement compréhensif, ce qui te soulage et qui t'énerve à la fois, parce qu'à la fin, vous êtes toujours séparés. Te voilà donc en face de lui, pleurant comme un bébé. Et tu lui dis ce que que tu ressens, tu prends le risque de t'ouvrir, une nouvelle fois. Mais même si vous n'êtes plus ensemble, tu sais qu'il ne te repoussera pas, ça n'est pas son genre. Et tu te retrouves dans ses bras, ce que tu n'aurais par contre pas soupçonné. Tu te laisses aller, même si tu es un peu surprise. Et tes pleurs redoublent, oui, il te manque. Rien que le fait de te retrouver si près de lui te rappelles les bons moments que vous avez passés ensemble, et Dieu seul sait combien il y en a. En quelques secondes tu t'arrêtes, ses bras ont ce pouvoir apaisant, ils l'ont toujours eu. « - Tu me manques horriblement aussi Mia... Je me suis déchiré le cœur l'autre jour, mais... Je pense avoir fait le meilleur choix possible car il n'y a pas de bon choix dans cette histoire. »  Tu lui manques. Tu t'en doutais, tu l'espérais, mais le fait de l'entendre sortir de sa bouche te submerge. Et tu sais aussi qu'il a raison, mais cela ne change rien à tes sentiments, vivre sans son soutien, ses marques d'affection, ou ne serait-ce que sa présence t'est incroyablement difficile, bien que tu ne le montres en fait que peu. « - Je t'aime Mia. Je ne veux pas te perdre » Il se recule un peu, et pose sa main sur ta joue. Chaque cellule de ton corps en frissonne, tu fermes les yeux instantanément. Tu es heureuse d'entendre ces mots, mais tu ne sais pas quoi en faire. Vous n'êtes plus ensemble. Tu en vienx même à te reposer la question, tu ne sais pas sur quel pied danser. Tu es confuse. « Je ne le veux pas non plus, je ne le souhaiterai jamais. Mais pourquoi Ethan? » Tu te forces de réprimer des sanglots qui voudraient sortir. « Pourquoi me dire ça maintenant? La dernière fois, tu as été plutôt clair.. On ne peut pas être ensemble, c'est exactement ce que tu as dit. »

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« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Si tu as toujours trouvé cette citation quelque peu exagérée, trop sentimentale et niaise à souhait, elle prend à présent tout son sens. Comme souvent la vie, tu ne t'es sentie concernée qu'à partir du moment où cela t'est arrivé. Il te manque constamment, tellement que cela t'empêche d'avancer, d'aller de l'avant. Son image est présente, sans cesse. Tu n'as même pas essayé de tourner la page, l'idée de tirer un trait définitif sur votre histoire t'est insoutenable, c'est comme si on te demandait de vivre sans ton propre cœur. Tes amis sont pourtant là pour toi, certains t'ont suggéré de sortir, alors tu acceptes, mais refuses toute proposition de rencard. Si le fait de devoir vivre sans celui qui était à tes côtés pendant ces années n'est pas possible, celle de te remettre avec quelqu'un d'autre l'est encore plus. Ça n'est en fait sans doute pas un hasard que vous vous soyez croisés à cet endroit là, votre petit coin. C'est d'ailleurs là que tout avait commencé, les premiers flirts et vos premiers pas en tant que couple. Que fait-il là d'ailleurs? S'est-il retrouvé là par hasard? Tu en doutes, car tu sais qu'au fond, toi non plus, tu ne t'es pas retrouvée près des jets d'eau par magie, ton inconscient à moitié conscient t'y a mené. Il te dit que tu lui manques, qu'il t'aime et qu'il ne veut pas te perdre, soit ce que toute femme amoureuse rêverait d'entendre. Tu allais ajouter quelque chose, puis tu vois qu'il baisse la tête, ferme les yeux et porte les mains à son visage, tu retiens ton souffle. Tu ne l'as jamais vu craquer à ce point là, et pourtant vous avez déjà vécu bien des choses intenses. Tu avais réussi à retenir tes larmes, mais voir à quel point il est touché te fend le cœur. « - Je sais Mia... Je le sais... On peut être ensemble, je dirais même que l'on ai fait l'un pour l'autre... Seulement notre entourage ne cautionne pas cela et je ne supportes pas cette pression médiatique. Je ne suis pas aussi fort que tu ne l'est Mia... » Toi, forte? Tu n'es pas forte, au contraire. Si tu l'avais été, alors tu n'aurais embrassé Dimitri sous aucun prétexte, pas même l'alcool. Non, tu aurais résisté. Tu fronces les sourcils, tu te sens coupable, encore une fois. Tu avais presque oublié cet épisode là, tu serres les dents baisses les yeux à l'idée qu'Ethan puisse être au courant, et là, tout un tas de questions se bousculent dans ta tête. Tu te demandes s'il sait, et si oui quelle a été sa réaction. Tu te rassures comme tu peux, tu te dis que s'il savait, il te l'aurait fait savoir. Du moins, tu l'espères. Et puis tu te souviens que vous n'êtes techniquement pas ensemble, alors tu n'as pas à te justifier, et n'as rien à te reprocher. C'est ce que tu devrais ressentir, mais ça n'est pas le cas. « - Je t'aime, je veux construire ma vie avec toi, si j'ai des enfants un jour, j'aimerais que ce soit les tiens ; mais nos vies sont incompatibles. Chaque jour qui passe, ça me détruit de l'intérieure, chaque fois que je regarde une femme, je pense à toi, je ne pense qu'a toi Mia. Nuit et jour... Je ne sais plus quoi faire... » Tu viens d'avoir droit à ce que tu penses être la plus belle déclaration que tu aies jamais entendue, tu te remets instantanément à pleurer, et tu ne saurais dire si tu es triste ou heureuse de l'entendre dire ces mots. Tu t'approches alors un peu plus de lui, tu ne prends pas la peine d'essuyer tes larmes, tu sens que tu n'en n'as pas encore fini avec elles. Tu te mets sur la pointes des pieds, car même avec des talons tu es loin de l'égaler, et poses tes deux mains sur ses joues, juste avant de l'obliger à te regarder dans les yeux. « C'est tout pareil pour moi. » Tu souris un peu, avant de poursuivre. « Je t'aime trop pour qu'on arrête tout comme ça. Et je sais que ça n'est pas facile, ça ne l'a même jamais été, mais on a quand même réussi à tenir, pas vrai? » Vos visages ne sont séparés que de quelques centimètres, ton regard fait des allers-retours entre ses yeux et ses lèvres. Tu déposes alors un baiser au coin de ces dernières. « On n’a qu'à partir, un week end. Juste toi et moi, loin des médias, loin de tout. Qu'est-ce que tu en dis? »

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Quand tu penses qu'au départ rien ne vous prédestinait ne serait-ce qu'à vous croiser et donc que vous ne vous seriez peut-être, voire jamais probablement rencontrés, tu te dis que vous avez eu de la chance. Que tu as eu de la chance. A l'heure qu'il est, tu serais en train de vivre une vie typique de jeune femme célibataire, à faire des rencontres sans pour autant te projeter dans l'avenir avec quiconque. Tes parents se préoccupant de la perpétuation de leur nom se seraient inquiétés, et t'auraient organisé des rendez-vous arrangés, quoiqu'en y réfléchissant, au début de ta relation avec Ethan, ils ne se sont pas gênés pour t'en proposer. Tes géniteurs se comportent comme une famille d'empereurs qui devraient assurer que la dynastie perdure, tout comme leur héritage, si précieux. Une amie t'a d'ailleurs fait remarquer que ton histoire avec monsieur Monroe lui rappelle celle des deux héros de Titanic. C'est un peu tiré par les cheveux certes, mais après réflexion, tu avoues qu'il y a certaines similitudes. Et malgré que le contexte soit complètement différent, tu t'es juré de ne jamais partir en croisière avec lui, on ne sait jamais si une malédiction décide de s'abattre. Non, tu ne deviens pas paranoïaque. Ce ne serait qu'une force de plus qui viendrait se mettre en travers de vos chemins, ça en plus de votre entourage, et de la planète people. Tu ne te plains pas auprès de cette dernière, tu n'émets d'ailleurs aucun commentaire à son égard. Tu ne cherches pas à la provoquer d'une quelconque manière, et pourtant elle trouve toujours le moyen d'étaler ta vie, et même de t'en inventer une. Ils veulent te faire passer pour une espèce de Don Juan au féminin, ce que tu n'es en aucun cas. Tu comprends alors ce qu'Ethan a voulu dire lorsqu'il parlait de toi, étant forte. Cette capacité que tu as a rester de marbre fasse aux paparazzis, et parfois même à leur sourire. Tu t'y forces, parce que tu sais que ces clichés vus par des milliers de personnes, de potentiels clients, c'est ta seule et unique motivation. Il se met à pleuvoir, mais tu ne le réalises pas de suite. Tu sais que l'eau coule, mais cela ne te fait pas tilter, votre échange est trop intense pour que tu puisses te concentrer sur autre chose. Il est perdu. Comment ne pas l'être? Toi aussi tu l'es, mais il faut bien que quelqu'un vous sorte la tête de l'eau, sinon vous sombrerez tous les deux. Il a su se montrer fort pour vous deux, pour toi à de multiples reprises, tu dois maintenant lui rendre la pareille. Alors tu lui fais une proposition, le genre que l'on entend que dans des films et que tu ne te serais jamais crue capable de dire. D'habitude, tu as du mal à parler franchement de sentiments, à faire des compromis pour l'autre, mais avec Ethan c'est différent. Il a littéralement changé ta vie, positivement. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles tu n'abandonneras pas ce que vous avez, et tu le lui fais savoir. « - C'est d'accord... » Ses mains posées sur tes hanches, tu te retrouves en quelques secondes, encore plus près de lui. Tu frissonnes lorsque son souffle effleure ton cou, et que ses lèvres viennent l'embrasser. Il a dit oui. Le nœud qui s'était formé dans ton estomac disparaît peu à peu, pour laisser place à des papillons. La lueur que tu peux voir dans ses yeux te fait gagner un peu plus, confiance en vous. Ça va aller, tu te dis. Ça n'était qu'une mauvaise passe. Puis il t'embrasse, avec passion, tu n'as absolument pas oublié quel effet ça faisait, c'est pour dire à quel point le manque se faisait ressentir. Tu prolonges le baiser, jusqu'à ce qu'il y mette un terme, en mordillant ta lèvre. Tu frémis. « - Juste toi et moi... » Tu souris une nouvelle fois, heureuse. « Parfait. » Toujours sur la pointe des pieds, tu prends ses mains dans les tiennes, et l'embrasses à ton tour. C'est à ce moment précis qu'une averse se met à tomber. « Une chance que je ne me sois pas lissée les cheveux, en fait. » Ils sont d'ailleurs trempés, mais tu t'en fiches. Tout est rentré dans l'ordre, plus ou moins. Tu lâches un petit rire, et l’entraînes avec toi, à l'abri.

the end.