Vous avez déjà eu un petit lieu où vous êtes si bien, que tout ce qui est autour de vous disparaît comme par magie. J'ai un lieu comme ça, un petit banc dans la forêt. Je l'avais découvert avec ma meilleure amie, un beau jour d'été, nous avions eu envie de prendre l'air, de s'évader loin du bruit de la ville, de la pollution des voitures. La forêt avait été le lieu idéal ! Ce banc en premier lieu, était loin d'être magique, n'ayant plus de peinture, presque détruit par la vieillesse, des ordures autour, des feuilles mortes. Mais avec ma meilleure amie, nous avons rendu ce petit lieu, en un état convenable. Nous avions mis de la peinture sur le banc, nettoyé ce qu'il y avait autour, ajouté des petites fleurs. Ainsi, oui dans notre tête cette endroit était le notre, rien qu'à nous, personne ne devait y toucher, le détruire. Mais sous ce banc, nous avions creusé un petit trou, dans une petite boîte en bois avec nos noms dessus, nous avions commencé à mettre des prédictions. Je me souviens encore de celle quand j'avais dix-sept ans : Je sortirais mon premier album et je serais connue. Et j'ai réussi cette prédiction finalement, du moins je l'avais réussi, car maintenant je sais une chose, du moins je le pense, je ne veux plus chanter, découvrir autre chose. D'ailleurs je commençais à découvrir cette autre chose, la danse. J'ai rencontré cet homme il y a quelques semaines, il dansait, merveilleuse bien, parfaitement même ! J'étais éblouie par son talent, il ne vit certes pas de sa passion, mais au moins il garde le sourire grâce à ça et surmonte ses problèmes. Me mettre à la danse n'est pas un caprice de petite fille, et je ne veux pas faire de la danse classique, mais de la street dance. Un rêve fou, mais après tout s'accrocher à l'un de ses rêves c'est beau.
J'étais dans ce petit coin de paradis, bien que la beauté n'était plus là, le temps ayant transformé à nouveau cet endroit, je retirais les quelques feuilles qui résidaient sur le banc. M'asseyant un instant dessus, me remémorant certains moments. Un sourire s'afficha sur mon visage. Je me souvenais du moment où avec Rosalie nous avions eu une envie folle, nous avions mis une toile de tente et on y avait passé la nuit. Nous avions eu peur dès qu'un petit bruit se faisait entendre. Au final, nous n'avions même pas dormi, on avait mangé un paquet entier de bonbons et on avait avalé une tonne de soda. Je sortais de mes souvenirs, m'agenouillant pour récupérer la petit boîte aux prédictions. Je voulais relire celle que j'avais mise avant de partir pour la mission humanitaire en Afrique. Dépliant la petite feuille, je lisais à haute voix. « Un jour, je serais à nouveau heureuse. » Je soupirais, sortant un stylo de ma poche, écrivant à nouveau une prédiction, bien qu'à présent j'étais seule, étant donné que ma meilleure amie ne me parlait plus. Je tente de le comprendre, je n'ai donné aucune nouvelle, j'ai complètement disparu durant une année. J'espère juste qu'elle me pardonnera. Ainsi je commençais à écrire : Devenir une autre personne et ne plus être hantée par le passé.

Avoir un coin à nous, parfois c’est reposant, surtout quand tu as besoin de t’évader, de t’éloigner de tout ce bruit. Ce fut mon cas aujourd’hui. J’avais besoin de m’éloigner de la ville, de l’hôpital pour réfléchir. Aujourd’hui, cela aurait fait cinq ans avec Malika. Enfin je veux dire que notre relation amicale aurait atteint les cinq ans aujourd’hui mais elle a tout laissé du jour au lendemain. Elle m’a abandonnée et le premier mois fut dur pour moi et je l’avais passé dans notre petit coin. On l’avait découvert durant une randonnée en forêt. Justement, on voulait s’évader de la ville et de sa pollution et se banc était apparue comme par magie devant nous. Seulement, lorsqu’on l’avait découvert, il n’était pas très accueillant. Digne d’un film d’horreur… Enfin j’exagère un peu, mais il n’était pas très chaleureux. Mais puisque c’était notre coin à nous, à Malika et à moi, nous avions décidé de le faire à notre image. On avait acheté de la peinture au magasin ainsi que des fleurs et on avait rendu au banc sa beauté d’avant, enfin en mieux. C’était notre coin à nous, on avait même signé le banc et marqué visiblement que c’était le nôtre. On était jeune, que voulez vous ! Enfin bref, aujourd’hui j’avais besoin de calme. Je venais d’apprendre par un blog que Malika était revenue. J’étais tellement en colère. Elle n’avait même pas pensé à me prévenir de son retour. En voyant cela sur le net, je pris un sac que je remplis avec une bouteille d’eau, mon appareil photo et puis des crayons ainsi que mon cahier a dessins. Même si je n’étais pas une artiste, j’adorais dessiner. Après avoir laissé ma voiture au bord de la forêt, je m’engouffrai dans celle-ci enfin de rejoindre le banc magique. Durant ma petite randonnée, j’essaye de me rappeler qu’elle avait été ma dernière prédiction. Et oui, même à vingt-un ans, je continuais ce petit jeu. Je l’avais commencé avec Malika. On avait caché une petite boite en bois sous le banc et y mettait une prédiction ou un rêve. Le dernier que j’avais mi ne s’était pas réalisé. J’avais écrit ; faire un magnifique voyage avec ma meilleure amie. Malheureusement, elle était partie sans moi. Pourtant, je n’avais jamais pu l’oublier. Tous les jours ou presque, pendant son absence, je venais dans notre petit coin et j’y passais la journée. Soit pour étudier, relaxer ou encore prendre des photos. On y avait passé de beaux moments et je m’en rappelais ainsi. Puis, en arrivant près du coin, j’entendis ; « Un jour, je serais à nouveau heureuse. » J’arquai les sourcils puis me cacha derrière un arbre. Je voulais voir ce qu’elle allait faire. En la voyant sortir un stylo, j’en déduisis qu’elle avait lu sa dernière prédiction et qu’elle était en train d’en faire une autre. Donc elle ne nous avait pas oubliés. Je lui tournai le dos afin de m’appuyer contre l’arbre. Je lui en voulais. C’était plus fort que moi, mais une partie de moi, la comprenait aussi. Elle avait perdu sa petite sœur…. Je me secouai la tête, ne sachant plus quoi penser. Puis, je décida de sortir de l’ombre et m’approcher d’elle.

J'écrivais ma nouvelle prédiction, peut-être que ce « jeu » devenait insensé, mais peu importe... J'avais toujours tenu à écrire mes prédictions. Je regardais un instant ma prédiction, mais je décidais de la rayer, me disant qu'au fond je voulais plus que ça. Alors après quelques instants de réflexion, j'écrivais celle qui me convenait réellement. « Je veux m'amuser, ne plus penser aux conséquences, ni à l'image que je dois refléter. » J'avais toujours été cette petite fille sage, restant dans son coin, acceptant tout ce qu'on lui dit, disant oui à tout pour faire plaisir aux autres, à cause de cela je n'allais pas de l'avant, justement je stagnais, j'étais naïve et je détestais cette sensation, d'ailleurs ma soeur m'avait fait la remarque avant de mourir, nous avions passé une soirée ensemble et on devait trouver le pire défaut de l'autre durant un petit jeu. Et elle m'avait dit à quel point elle me trouvait naïve, elle m'avait dit que je devais changer ça, puis profiter de ma jeunesse, ne pas rester sur des principes idiots de la vie. Finalement, elle avait raison, face aux autres je suis cette petite faible. Je soupirais, pliant le petite papier que je déposais dans la petite boîte. J'entendais un bruit derrière moi, le stylo en main je me retournais brusquement, tenant mon stylo comme une arme, autant vous dire que c'était peu crédible pour faire peur. Je reconnaissais aussitôt cette petite tête blonde, c'était ma meilleure amie... Du moins est-ce que je pouvais encore le dire ? Le penser ? Il y avait cette histoire sur le blog « The secret micro », Je n'avais pas prévenu Rosalie de mon retour et finalement elle l'avait appris sur ce blog, mais j'avais été gênée de lui dire, alors je reculais à chaque fois le moment et au final, elle l'avait appris d'une autre manière, la plus mauvaise des manières sans doute. Je lui avais dit que j'allais l'appeler pour m'expliquer, mais finalement elle était face à moi, aujourd'hui. « Rosalie ! » Devais-je me mettre à parler sans réfléchir ? Sans doute, au moins je n'aurais pas à me torturer dix ans pour savoir ce que je devais lui dire, le ton que je devais employer pour que mes excuses passent mieux. « Je suis désolée... Quand Jade est morte, j'allais si mal, personne n'avait le moyen de me consoler, même Calvin, il en était incapable, j'ai préféré partir, c'était la meilleure solution, pour moi, pour les autres, car je devenais horrible, je ne voulais plus voir personne, je haïssais presque les autres, car eux étaient en vie et plus Jade... Elle... J'aurais tout donné pour elle. » Finalement pour le moment je me débrouillais bien ? Je disais tout simplement ce que j'avais sur le coeur, ce que je ressentais avant de partir. « La dernière fois que j'avais vu Jade vivante, elle m'avait dit que je devais changer, arrêter d'être cette fille qui accepte tout, qui dit oui à tout, qui en s'énerve jamais. Alors je me suis dit que finalement je devais exaucer sa dernière volonté, l'Afrique, c'était certes notre projet, mais je devais partir seule pour changer, me couper de tout, m'éloigner de mon passé. » Mes yeux s'imbibèrent de larmes, je les retenais, bien que je le faisais depuis mon retour. Tout me rappelait ma soeur, les moments que j'avais pu passer avec elle. Mais j'allais mieux qu'avant, c'était déjà une bonne chose. « J'aurais voulu te dire que j'étais revenue, mais je ne savais pas comment m'y prendre... » A vrai dire, il y avait tellement de chose que je pouvais lui dire, mais je préférais rester sur l'essentiel.

Je n’avais fait que quelques pas. Je ne savais pas comment réagir. La voir là, me mettait en colère, mais en même temps, j’étais heureuse de la revoir. On avait passé tellement de temps ensemble que même si je la confrontais, je n’allais pas rester en colère très longtemps. Donc avant de la confronter pour de bon, je restai là, planter à quelques mètres d’elle, l’observant tranquillement. Elle avait l’air serein et surtout moins abattue que la dernière fois. Je soupirai silencieusement et avança de quelques pas puis tourna les talons. A peine avais-je fait quelques pas qu’une branche se brise sous mon poids. M*rde* Pensais-je. Je me retournai tranquillement pour faire face à Malika et je la vie tenir son stylo comme une arme. Non, mais elle se moque de moi ? Comme si un stylo pouvait faire du mal... Enfin si on regarde les séries policières n’importe quel objet peut servir d’arme. Sur le coup, j’avais envie de rire, mais j’étais toujours en colère contre elle. Alors, j’essayai de garder mon sérieux devant elle. Je me croisai les bras puis la regarda. « Rosalie ! » Je fis quelques pas avant qu’elle ne me déballe tout ce qu’elle avait à dire. « Je suis désolée... Quand Jade est morte, j'allais si mal, personne n'avait le moyen de me consoler, même Calvin, il en était incapable, j'ai préféré partir, c'était la meilleure solution, pour moi, pour les autres, car je devenais horrible, je ne voulais plus voir personne, je haïssais presque les autres, car eux étaient en vie et plus Jade... Elle... J'aurais tout donné pour elle. » Je secoua la tête. Je n’en revenais même pas. Puis elle continuer de plus belle ; « La dernière fois que j'avais vu Jade vivante, elle m'avait dit que je devais changer, arrêter d'être cette fille qui accepte tout, qui dit oui à tout, qui ne s'énerve jamais. Alors je me suis dit que finalement je devais exaucer sa dernière volonté, l'Afrique, c'était certes notre projet, mais je devais partir seule pour changer, me couper de tout, m'éloigner de mon passé. » Elle haussais dire ça ? Et moi alors je n’étais rien ? J’avais été présente pour Jade également. J’avais pris soin d’elle. C’est même grâce à elle que j’étais plus assidue dans mes travaux à l’hôpital. Je l’avais même croisé lorsqu’elle était venue. J’étais de service avec mon chef. Étant proche d’elle, je n’avais pas pu la traiter. Mes sentiments auraient pu interférer dans mon travail, mais dès que je le pouvais, j’avais demandé des nouvelles. C’était même moi qui l’avait annoncée à ses parents. Je l’avais demandé puisque je les connaissais bien. La voyant avoir les larmes aux yeux, mes yeux suivirent le mouvement. Il se remplir également de larmes, me rappelant de la petite boule d’énergie qu’était Jade. « J'aurais voulu te dire que j'étais revenue, mais je ne savais pas comment m'y prendre... » Je secoua de nouveau la tête et laissant sortir un long soupir. Avançant de quelques pas, je lui lança ; « Tu n’es qu’une sale égoïste ! Tu n’as pensé qu’à tes propres sentiments. Et moi dans tout ça ? Tu crois que je n’ai pas souffert de sa mort ? Tu crois que je ne me suis pas sentie perdue quand elle est partie. Je la connaissais peut-être depuis moins longtemps que toi, mais elle était également comme ma petite sœur ! Et puis qui était là quand elle a rendu son dernier souffle, c’était moi ! C’est même moi qui l’a annoncé à tes parents ! Tu crois que cela n’a pas été dur pour moi aussi ! Tu crois que je n’ai pas souffert de la voir souffrir à l’hôpital ne pouvant même pas la soignée parce que j’étais trop proche d’elle ! Ce n’est pas moi qui étais absente quand elle en avait le plus besoin ! » Je secoua la tête essuyant les larmes que me coulaient sur les joie. J’étais tellement en colère. Contre elle, mais aussi contre moi. Je voulais qu’elle comprenne également la douleur que j’avais ressentie. J’aurais voulu être là pour elle, mais elle, elle n’avait même pas été là.