Voila un moment maintenant que je squattais chez Ethan, mon grand frère chéri, mais parfois, je préférerais vivre ailleurs, ou du moins avoir un peu plus d'intimité. Néanmoins, je me contentais bien de dire quelque chose. Après tout, il était bien gentil de m'accueillir ainsi chez lui, non ? Il avait beau être le meilleur frère du monde, il est surtout vraiment trop sur mon dos, trop sur-protecteur. C'est moche mais aujourd'hui je pensais donc à prendre ma propre indépendance, du coup je profitais d'un jour de congé pour faire quelques recherches sur internet. J'ai donc commencé sur les sites de location immobilière entre particuliers. Il me faut un appartement avec une chambre et un salon minimum, plus salle de bain et compagnie bien sure. Je ne vous raconte pas toutes les horreurs que j'ai trouvée. Déjà habité en centre-ville, c'est juste primordial quoi. Bon et puis pas trop loin de chez mon Ethan quand même, pour le cas où. Bah oui quoi, je l'aime quand même mon thanou et puis si je me mettais à habiter trop loin, il me manquerai de trop. Non mais non ce n'est pas possible tout ça. Il n'y a qu'une seule solution. Je criais : « Than' ? » et je poursuivais sans attendre sa réponse : « Ca dérange pas que je reste encore chez toi... disons quelques années ? » Il faut bien faire des compromis des fois dans la vie ! Et j'avoue que le plus simple c'est de continuer à squatter l'appartement le plus cosy d' Ottawa : l'appartement de mon grand frère Ethan.

J'avais bien entendu du bruit tôt le matin dans l'appartement et j'en avais déduit qu'Ethan était sorti vraiment tard. Pour autant, je ne faisais pas ma difficile et faisais maintenant comme s'il était réveillé, après tout, il était l'heure d'être réveillé ! Et puis d'abord, la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt que papa disait. Ethan s'en servait suffisamment souvent de cette expression pour que je puisse à mon tour l'utiliser. Vu qu'il ne me répondait pas, il y avait une forte probabilité qu'il dorme encore à l'heure qu'il est. Je souris à l'idée d'aller le réveiller à l'ancienne en sautant sur son lit ou en lui faisant un gros câlin, mais plusieurs raisons me firent rester dans ma chambre bien sagement. La première et non moindre c'est qu'il s'était peut être bien décidé à ramener quelqu'un à l'appartement ; et sauter sur le lit de son frère à vingt quatre ans alors qu'il y a une fille (ou un garçon) dans ledit lit serait carrément déplacé. La seconde raison que je n'y ailles pas, c'est que mon Thanou, il est jamais de bonne humeur en se réveillant, d'autant que là je l'avais vraisemblablement fait tombé du lit. J'attendis qu'il ai pris sa douche et son petit déjeuné et qu'il fasse un peu de bruit dans l'appartement pour me décider à sortir ma tête de ma petite chambre. Quand je sentis que le moment opportun fut arrivé, je me glissa hors de ma chambre et fis un petit tour de l'appartement genre de rien. En arrivant près de mon grand frère, je souris en coin, il était seul et ne semblait plus trop bougon. Sur la pointe des pieds, j'arrivais par derrière et le pris dans mes bras et lui colla un gros bisous sur la joue puis je lui demanda innocemment : « Elle était bien cette super soirée ? » Et comme la question me turlupinais toujours, je l'interrogea un peu plus tard : « Dis mon Thanou, je peux encore rester un moment chez toi ? » Je savais bien qu'un jour il me demanderai de partir, mais je n'étais pas prête et j'espérais que cela surviendrait le plus tard possible...

Arrêt sur image, je suis là arrivant sur la pointe des pieds derrière Ethan pour le faire sursauter. Il est dans son bureau, enfin plutôt dans le salon mais vu que c'est devant ses trois télévisions qu'il passe le plus clair de son temps à la maison c'est comme si c'était son bureau. Retour sur Play, la musique des clips de la télévision centrale en fonds sonore, et les directs sportifs sur les deux autres, je m'approche doucement et lui colle un énorme bisou sur la joue pour le saluer alors qu'il essayait de prendre son premier cookie. J'aime mon petit effet de surprise. Je vais m'installer à coté de lui, lui chipe un cookie et lui demande comment était sa soirée. « - Très bien, j'ai vue une amie que je n'avais plus vue depuis un an... Malika, ça te dit quelque chose ? » Je fais une moue, croque dans le cookie, réfléchie un moment puis hausse les épaules pour répondre : « - Tu m'en as déjà parlé, mais il ne me semble pas avoir déjà eu l'occasion de la côtoyer... » Mais mon attention en éveil, je mis toute ma curiosité en suspens un moment pour poser une question qui me tarauder depuis le début de la journée, à savoir si je pouvais rester à l'appartement encore quelques temps. Sa réponse ne se fit pas attendre : « - Je te laisse trois jour. » Mes pires craintes se révélèrent exactes, les larmes se mirent à monter et mes lèvres à trembler. Je le regardais, il semblait vraiment sérieux, j'avais du dépasser les limites qu'il pouvait m'accorder. Sans un mot, je pris mon Iphone dans ma poche pour envoyer un message à Lottie. J'étais entrain de commencer à rédiger le message lorsqu' Ethan explosa de rire avant de poursuivre : « - Je plaisante ma puce, reste autant que tu le voudras. La seule chose que j'aimerais que tu fasses en contre partie, c'est que tu acceptes Mia. J'adore prendre mon frère par surprise, mais de préférence quand il est de bonne humeur et là j'ai vraiment cru que j'avais merder. En fait, j'adore mon frère tout court et malgré tout. Oui, et je reconnais même que je suis très possessive avec et je n'apprécie pas vraiment... non correction, je n'apprécie pas du tout ses relations amoureuses. Bah quoi, c'est mon grand frère et je le partage pas ! Le pire c'est de le partager avec cette Mia. J'avais beau me forcer, au travail j'arrive à la supporter mais alors dès qu'elle s'approche d'Ethan, j'ai tous mes sens en alerte, prête à bondir. Mais là, il me demandait de l'accepter et cela allait être bien bien compliquer pour moi. Heureusement pour moi, il reporta son attention sur ses écrans ce qui me permis d'essuyer furtivement une larme qui avait coulé, entre la peur qu'il m'avait faite quelques minutes auparavant et la rage qui montait suite à la demande qu'il me faisait, elle avait perlée sans que je puisse la contrôler. Je sens que je vais avoir besoin du réconfort de Lottie pour le coup... Je serra les dents encore un moment puis baissa la tête quand il enchaina : « - J'aimerais bien l'inviter sans qu'elle se sente de trop ici, on a déjà assez à faire avec sa famille. » J'encaissais les coups sans un mot, toujours les dents serrées et la tête baissée. Je triture un moment mon téléphone silencieusement, cherchant les mots appropriés pour ne pas blesser mon Ethan. Je finis par lâcher simplement : « - Je ferais ce que je peux, mais tu sais que ça va être dur pour moi alors pardonne moi d'avance si je suis moi même occasionnellement... » Et vu que je ne souhaite absolument pas en parler plus longtemps, je change immédiatement de sujet en enchainant sur Malika, puisque nous parlions de cela juste avant. Je demande donc sans prétendre changer radicalement de sujet puisque je sentais aussi la jalousie montée envers cette fille que je ne connaissais pas encore : « - Et tu as connu cette Malika comment ? Elle a quelle âge ? Comment ça se fait que je ne l'a connaisse pas ? Pourquoi tu ne me l'as pas présentée ? » Bon ok, ce n'était plus un changement radical de sujet c'était carrément devenu un interrogatoire de police, ma spécialité, entre parenthèse, lorsqu'il s'agissait des filles s'approchant un peu trop près de mon grand frère.

Vivre en famille exigeai parfois de devoir faire quelques compromis et je savais qu'Ethan en faisait bon nombre pour moi. Et il m'arrivait de me demander ce que moi, Jessica Monroe, je faisais comme compromis pour lui. La question m'effleura lorsque je lui répondis que je ferais mon possible pour Mia, son ex et nouvelle petite amie. Non, mais elle je ne pouvais juste pas. Comment je ne pouvais pas faire d'effort pour mon frère ? Non, la n'était pas la question, c'est juste qu'il m'était impossible de voir ma patronne avec mon frère, d'autant que leur vie de couple m'était insupportable. Pour autant, je n'étais pas nuisible pour leur couple, contrairement à la famille de Mia, mais je ne mâchais pas mes mots pour la descendre et la discréditer dans sa vie personnelle. A l'inverse, je lui devais le respect au travail et même si je ne lui donnais que ce que je voulais bien, il n'empêche qu'elle avait déjà ça et c'était tout de même beaucoup pour moi, surtout envers une personne que je n'apprécie pas plus que cela. *Une relation de plat réchauffée ne peut de toute façon pas durée*, me disait ma petite voie intérieur, *laisse leur un moment de répits*. Je balayais cette idée en enchainant immédiatement après avoir répondu à Ethan en lui faisant mon interrogatoire habituel sur son amie Malika. Elle s'était approchée de bien prêt de mon frère sans avoir eu à répondre de ses actes, il faudrait qu'elle passe un certain nombres d'étapes avant d'avoir mon estime et tant qu'elle verrais mon grand frère sans mon consentement, elle s'exposait à de lourdes représailles et je commençais déjà à ne pas l'aimer alors qu'Ethan m'annonçait son curriculum vitae, enfin son cv quoi. Ah elle n'était plus dans le secteur depuis un moment ? Bon et puis ? C'est vrai que du coup je ne pouvais pas l'avoir vu. Ok, ok, je terminais d'écouter les arguments de mon frère lorsqu'il me proposait de rencontrer la jeune fille inconnue. Je souris, d'un de ces sourires victorieux qui me trahissait si souvent lorsque j’obtenais ce que je voulais inconsciemment de la part de mon Thanou et pour l'effacer, j'acquiesçais évasivement :
« - M'oui, cela me semble réalisable... et puis si tu ne l'as pas vue depuis un moment, c'est probablement normal que je ne la connaisse pas encore je présume... » Je piquais à nouveau un cookie, en regardant l'écran central. Ethan était peut être pas de bonne humeur le matin lorsqu'il se levait jusqu'à après sa douche et son petit déjeuné, mais moi j'étais super susceptible et peut être encore plus lorsque les piques venaient de mon frère, celui qui avait toujours réponse à tout et presque toujours raison, bah oui, presque parce que même Einstein n'avait pas toutes les bonnes réponses.