« - Si je te couche dans ton lit, tu me promets d'être sage ? » demandais-je au nourrisson présent dans mes bras qui me regardait d'un oeil méfiant et innocent à la fois. A voir le caractère qu'arborait déjà ma fille à un peu plus d'une semaine, je craignais sérieusement de la voir grandir. J'avais déjà du mal à m'occuper de moi-même correctement et de mener une vie 'normale' au lieu de la vie de délinquant que j'avais l'habitude de mener et me voilà qui me retrouvait avec une gamine dans les bras du jour au lendemain. Néanmoins, petit à petit, je commençais à trouver la parade pour arriver à dormir plus longtemps, à récupérer des forces et à m'occuper d'elle correctement en même temps. Malgré que c'était dur, ma mère -qui m'était d'une aide extrêmement précieuse, malgré que ses conseils étaient donnés par téléphone- m'avait conseillé de la laisser pleurer quand même, de ne pas céder à tous ses caprices en la prenant dans mes bras dés qu'un éclat de voix surgissait comme je le faisais depuis son arrivée. C'était bizarre comme des cris de bébés vous brisaient le coeur dés qu'ils retentissaient, même si au fond de vous, vous saviez que ce n'était pas quelque chose de grave. Et pourtant, je tenais bon et je la laissais pleurer un bout de temps avant d'aller la chercher, et je commençais petit à petit à la laisser dormir dans son berceau plutôt que dans mon lit, avec moi. Durement mais sûrement, je commençais à m'habituer à ma condition de très jeune père qui devait assumer son enfant seul.

Je la couchais dans son berceau, priant tous les Dieux pour qu'elle ne recommence pas à hurler comme une possédée et je ne pus retenir un soupir de soulagement en la voyant plonger dans un sommeil profond dés que son petit corps fut recouvert par une couverture. Merci mon dieu ! Je quittais prudemment sa chambre, à pas de loup, refermant ensuite la porte avant de me rendre dans la salle de bain pour constater avec contentement que mes cernes ne se voyaient plus. Il faut dire que j'avais réussi à dormir pas mal ces derniers jours, arrivant à marier les heures de sommeil de ma fille et les miennes. J'hésitais pas mal à aller à cette fête, organisée par le maire de la ville. Je savais que j'allais devoir contacter une babysitter et ça ne m'enchantait pas franchement de devoir laisser Morgane aux soins d'une inconnue. Mais bon, d'un sens, c'était un peu son métier, après tout ... et des enfants difficiles et/ou inconnus, elle en avait vu des pelletés et tous allaient bien à l'heure actuelle, je n'avais pas vraiment de raison de devenir paranoïaque.

Finalement, je passais environ une heure et demi dans la salle de bain à m'apprêter correctement, me disant que j'allais au moins aller jeter un petit coup d'oeil à cette fameuse fête. Cela ne devait pas être si mal que ça, même si je devais avouer que croiser mon pire ennemi n'était pas dans mes envies principales du moment, loin de là. Je commençais seulement à ravoir des forces et me battre avec lui n'était pas dans mes intentions pour le moment. Enfin, bref. Je fus finalement prêt, coiffé sans qu'une seule mèche de cheveux ne parte dans un sens ou dans l'autre, comme à mon habitude. J'enfilais ensuite un pantalon noir relativement moulant et une chemise assortie, laissant les deux premiers boutons de celle-ci déboutonnés tandis que j'allais sortir la voiture du garage. Une magnifique Ferrari noire que m'avait offert mon père pour ma majorité, un des rares cadeaux coûteux que j'avais hérité de lui. En général, malgré que mon père soit aussi friqué que ma mère, c'était plutôt cette dernière qui me payait toutes les merveilles du monde tandis que je n'avais qu'à claquer des doigts. Après tout, c'était en quelques sortes dans les termes de notre 'accord' lorsque j'avais quitté la maison pour habiter ici.

En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, la babysitter que j'avais contactée était arrivée, me rassurant en seulement quelques mots, m'assurant que tout irait bien et qu'elle avait mon numéro de téléphone pour m'appeler en cas de problème quelconque et je fus arrivé à la fête. Je sortis de mon véhicule, regardant autour d'un moi d'un air quand même un peu distrait, ayant perdu l'habitude de sortir sauf quand c'était pour aller aux courses chercher de quoi manger ou prendre soin du bébé depuis un peu plus d'une semaine. Je devais quand même avouer que ça faisait pas mal de bien de prendre un peu l'air en se sentant libre, comme avant. Dans ma distraction, je ne me rendis pas vraiment compte d'où je marchais et je rentrais en collision avec une autre personne, ce qui me fit relever la tête tandis que je me mordillais la lèvre en découvrant la jolie petite blonde présente devant moi. « - Navré, j'étais.. distrait. » m'excusais-je avec une petite moue désolée, arborant ensuite un petit sourire on ne peut plus aimable. « - Puis-je vous offrir un verre pour m'excuser ? » lui demandais-je, n'ayant même pas quelconque arrière pensée derrière la tête, pour une fois. Oh non, les filles, ça commençait à me saouler sérieusement. J'avais eu mon lot d'emmerdes avec l'arrivée de Morgane et pour l'instant, ma vie sentimentale était plutôt mise sur le côté.