⊱ TU M'AS RENCONTRÉ À UN MOMENT ÉTRANGE DE MON EXISTENCE (EZRÀ & RORY)

Je n'y vois déjà plus rien, l'alcool, les jeux de lumière, les jolies femmes. Que demander de mieux ? Affalé sur le comptoir, j'enchaîne les verres rapidement, j'ai la descente facile comme on dit. Je ne suis pas d'humeur à draguer ce soir, trop de visages familiers. Dommage, je ne pourrai prétendre à rien. Je ne serai que ce type étrange et sans attache, une fois de plus. Je regarde la piste de danse, je m'y engouffre, elle est bondée et empestant la sueur de ses étoiles, peu importe, elle empestera la mienne dans un futur proche. Une heure plus tard, me revoilà, affublé de mon plus bel habit, noyé. Je lève mon verre, déséquilibré, avant de fusiller littéralement du regard cette jeune femme, pourtant si jolie. « C'est une blague j'espère ? C'était une chemise neuve sale conne. Regarde maintenant ! » Elle me dévisage, je fais de même. Si elle pense s'en sortir comme ça, elle est dans la merde la petite. Je regarde les toilettes du coin de l’œil en soupirant, c'pire qu'un baisodrome là-dedans, si seulement je pouvais y échapper. Mon regard se perd, mais la main de mon interlocutrice me retient au sol, dans ma triste réalité. Je me masse la joue lentement avant de sentir sur ma main sa plume, je rêve ou elle me note son numéro de portable après m'avoir giflé ? C'est une blague ? « La prochaine fois t'es gentil tu fermes ta gueule mon petit. » Je souris bêtement et elle me laisse planté là, sur la piste, trempé et surtout empestant non pas la sueur mais le champagne bas de gamme. J'aime cette fille, vraiment. Traînant des pieds, fatigué, je me dirige toutefois vers les toilettes, histoire de quitter dignement le Mercury. Mauvais départ. Je titube jusqu'à l'entrée avant de tirer pendant deux bonnes minutes une porte dont je n'avais qu'à pousser le bois. Je suis vraiment, vraiment con.

Aussitôt arrivé, je ne peux que difficilement loupé Ezrà, ce con n'a rien trouvé de mieux à faire que de camper dans les chiottes, pathétique, je tente de l'ignorer partiellement. J'ai vraiment envie de me casser, c'est presque comme une envie de pisser un peu. Je le regarde s'adosser au mur, haussant légèrement un sourcil, perplexe. Je l'écoute débiter ses conneries un sourire aux lèvres. « Mais qu'est-ce que tu viens me parler toi ? Pourquoi t'es là ? T'peux pas te trouver un bar gay dans le coin ? Putain, c'pire qu'une invasion j'hallucine ! » J'entends la poignet des toilettes, il ne faut pas tirer bon sang, il est aussi con que moi ce type ! Il pousse enfin après une bonne minute mais il n'entre toujours pas. Pourquoi ? « C'EST OCCUPÉ ! » Je fais les yeux ronds. Quoi ? N'importe quoi ! Je pose ma main sur la poignet et tire un coup sec, ce qui a pour effet de bah de ne rien faire pour dire vrai. Il a un pied de Hobbit ce type c'pas possible. « C'est pas occupé, arrête de faire chier le monde Ezrà, on en a rien foutre tu vois pas ? » J'attends patiemment un bon quart de secondes avant de tirer frénétiquement sur la porte, genre, j'ai pas envie d'être contaminé par sa connerie congénitale. J'entends un loquet, je lâche tout. Pas rassuré je regarde mon seul interlocuteur possible, à savoir, une porte. « On est coincé ! Au secours ! »